Les Clés – Fast-fashion : le revers de nos achats (Spéciale jeunes)
Podcast: Les Clés | Host: RTBF (Arnaud Ruyssen) | Guest: Coralie Meulhart | Date: 18 Nov 2025
Épisode en un coup d'œil
Thème principal:
Cet épisode spécial jeunes se penche sur le phénomène de la fast fashion et de l’ultra fast fashion à travers la voix d’élèves de 5e et 6e en sciences humaines (Athénée Royal Paul Helvaud d’Ottignies, implantation Louvain-la-Neuve), épaulés par la chercheuse Coralie Meulhart. Le débat éclaire les mécanismes économiques, sociaux et environnementaux de la mode « jetable », et explore les alternatives (seconde main, slow fashion). Le tout dans une démarche de sensibilisation portée par et pour les jeunes consommateurs.
1. Introduction et objectifs de l’épisode
- Pourquoi parler de fast fashion ?
- À l’initiative des élèves, le sujet fait écho à l’actualité (ouverture d’un magasin Shein en France) et à un besoin de sensibiliser sur la surconsommation vestimentaire et ses conséquences méconnues.
- Mise en contexte de la classe, composée de lycéens de 15 à 18 ans ayant préparé le sujet autour de chiffres et recherches (01:10–01:49).
2. Le rapport des jeunes à la mode
- La mode, entre expression de soi, intégration sociale, et confiance en soi
- « En fait, ça définit qui on est... c'est l'image que j'ai tout court quoi. » (03:01)
- Pour certains : la mode est vecteur de plaisir et d’expression de l’identité.
- D’autres privilégient le confort ou s’impliquent peu dans le choix vestimentaire par choix éthique ou indifférence à la mode.
- « Je pense surtout au confort... la mode, ça ne m'intéresse vraiment pas. » (04:58–05:20)
- Un élève confie ne pas se reconnaître dans la fast fashion : « J'ai du mal à comprendre l’idée de fast fashion, parce que je n'ai pas l'impression que ça me vise du tout. » (05:34)
3. Sociologie de la mode selon Coralie Meulhart (spécialiste)
- La pratique de consommation : une construction individuelle et collective
- « On ne s’intéresse pas à la psychologie d’un individu, mais bien à une pratique qu’on a collectivement. » (05:58)
- Les choix vestimentaires sont conditionnés par des codes sociaux (dress code, marque = statut) et par des contraintes matérielles (revenus, accès aux boutiques) (06:57–08:12).
- « On n'a pas tout à fait le choix de la manière de s'habiller, puisqu’il y a tellement de choses qui prédéfinissent la manière dont on choisit. » (08:28)
4. Les jeunes et la consommation de fast fashion
- Consommation courante pour des raisons pratiques et économiques
- Marques citées : Zara, Bershka, H&M, Shein, Temu
- Accessibilité, petits prix, effet de groupe et facilité dans les centres commerciaux, sont des facteurs clés :
- « C’est plus facile pour un étudiant… ce sont les magasins les plus connus donc on a plus tendance à y aller. » (09:10)
- « C’est vraiment accessible et pas cher. » (09:42)
- Réseaux sociaux et influence : Shein et Temu massivement promus, notamment via offres « à zéro euro » ou via influenceurs (10:07–10:13).
5. Définir la fast fashion et l’ultra fast fashion
- Rotation rapide et prix cassés
- Coralie Meulhart :
- « On va définir la fast fashion en fonction de la fréquence de renouvellement des collections… sur Shein, ça se renouvelle tous les jours. » (11:19)
- Fast fashion = nouveautés chaque semaine/mois, ultra fast fashion = chaque jour.
- Slow fashion = durabilité, fréquence de renouvellement faible.
- « L’attrait pour la nouveauté fait que le consommateur passe tous les jours sur les sites pour voir les nouveautés et les acheter. » (12:13)
- Qualité moindre : « Un vêtement de l’ultra fast fashion, on sait qu’on va le mettre 4-5 fois, et puis il ne survivra pas au nettoyage. » (12:49)
- Coralie Meulhart :
6. Les prix bas : à quel « vrai » coût ?
- Conscience des enjeux sociaux et environnementaux
- Expérience : des T-shirts achetés à 5-10 euros (14:00–14:13).
- Réflexion éthique : « On se doute que c’est dû aux problèmes sociaux… les gens sont mal payés. » (14:28)
- Coralie Meulhart explique :
- Matières synthétiques, main d’œuvre sous-payée, production délocalisée.
- « Le coût environnemental est inversement proportionnel au prix du produit. » (16:35)
- Les vêtements éco-conçus coûtent plus cher mais, portés longtemps, leur coût final (et écologique) est moindre : « Patagonia garantit à vie… grosse différence de durabilité. » (17:35)
7. Le rôle déterminant des réseaux sociaux
- Publicité omniprésente, marketing d’influence et greenwashing
- « Les influenceurs vont avoir des demandes de sites comme Shein pour des collaborations… ça influence beaucoup de jeunes à acheter. » (18:36)
- Deux « teams » : influenceurs qui ne montrent que le beau et ceux qui dénoncent les coulisses (19:02–20:00).
- « À la fin, l’argent prime sur la vérité… c’est la logique du système capitaliste. » (20:03–20:23)
- Coralie Meulhart souligne l’impact cumulatif du contenu sur nos pratiques de consommation :
- « Au plus vous voyez de la pub, au plus vous êtes incités à essayer aussi. » (21:21)
- Même conscient, notre cerveau choisit parfois d’occulter les réalités négatives pour continuer à consommer.
8. Alternatives à la fast fashion : Slow fashion, seconde main, et bibliothèques de vêtements
- Témoignages : la seconde main, une option prisée mais pas sans limites
- Développer un style personnalisé, acheter vintage (Vinted, friperies), recyclage entre proches (22:47–24:11)
- « Je ne paye jamais plus de 10 euros pour un article… j’essaie de favoriser la Belgique, la France. » (24:11)
- Analyse experte :
- Seconde main prolonge la vie des vêtements, mais attention au bilan écologique des transports/logistique, notamment via Vinted :
- « Les apports de la seconde vie via Vinted sont parfois annulés à cause de la logistique qui pollue. » (25:27)
- aricup.be : solution made in Belgique, économie circulaire et sociale (25:50)
- Location vestimentaire (bibliothèques de vêtements) : intéressant mais impact variable selon fréquence et mode de déplacement pour récupérer les articles (26:50)
- « Parfois, il vaut mieux acheter peu de vêtements, les utiliser le plus longtemps possible, les réparer… » (27:20)
- Seconde main prolonge la vie des vêtements, mais attention au bilan écologique des transports/logistique, notamment via Vinted :
9. Prise de conscience et changements personnels (retour des élèves)
- Travail de sensibilisation concret
- Prises de conscience sur la surconsommation, le coût social et écologique, ainsi que sur les alternatives disponibles.
- « On ne pourra plus acheter un vêtement sans savoir. » (30:00)
- Effet de l’émission : modification durable des comportements déclarée par plusieurs élèves (« piqûre de rappel » sur l’utilité de la fripe, motivation à garder ses vêtements plus longtemps, transmission au sein de la famille) (28:12–29:03).
10. Citations marquantes et moments à ne pas manquer
- 03:01 – « Ça définit qui on est... c'est l'image que j'ai tout court quoi. »
- 05:58 – Coralie Meulhart : « On ne s'intéresse pas à la psychologie d’un individu, mais bien à une pratique qu’on a collectivement. »
- 08:28 – Coralie Meulhart : « On n'a pas tout à fait le choix de la manière de s'habiller… »
- 12:49 – « Avec un vêtement commandé dans l’ultra fast fashion, on sait qu’on va le mettre 4 ou 5 fois… »
- 14:28 – « On se doute que c’est dû aux problèmes sociaux. »
- 16:35 – Coralie Meulhart : « Le coût environnemental n’apparaît pas sur le portefeuille du consommateur. »
- 18:36 – « Les influenceurs… ça influence beaucoup de jeunes à acheter là-dessus. »
- 21:21 – Coralie Meulhart : « Au plus vous voyez de la pub, au plus vous êtes incités à essayer… »
- 25:27 – Coralie Meulhart : « Les apports de la seconde vie via Vinted sont totalement réduits à cause de la logistique qui pollue. »
- 30:00 – « On ne pourra plus acheter un vêtement sans savoir. »
11. Pour aller plus loin
- Des ressources et alternatives citées : Patagonia (vêtements garantis à vie), aricup.be (seconde main belge, économie sociale), vétithèques (location vestimentaire)
- Réflexion collective et rôle de l’école : le podcast illustre comment la sensibilisation en milieu scolaire peut amorcer un véritable changement de pratiques.
Résumé réalisé à partir de l’épisode complet (hors publicités et génériques) afin d’offrir une vue d’ensemble fidèle pour celles et ceux qui n’ont pas pu l’écouter. L'épisode est à retrouver sur rtbf.ovio.
