Podcast Summary – Les Clés (RTBF)
Episode Title: Pourquoi autant d'enfants dorment en rue en Belgique ?
Date: December 17, 2025
Host: Sotié Tango
Reporter: Sarah Poussey
Guest: Sarah Poussey (also interviewer on second part), Director of CIRE (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Étrangers)
Overview
This episode of Les Clés confronts a pressing and troubling question: Why are so many children in Belgium, in 2025, forced to sleep on the streets or in emergency shelters? Through a deeply empathetic field report at the Samu Social center in Brussels, followed by a studio discussion, the episode sheds light on the lived realities of these children and their families. It unpacks the structural reasons behind the increase in homelessness among families—especially migrant and single-parent families—and interrogates the social and political conditions perpetuating this crisis.
Key Discussion Points & Insights
1. Le quotidien des enfants sans-abri — Reportage au Samu Social
[00:08–10:42]
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Des familles entières à la rue dès la naissance
- En 2025, 28 nouveau-nés ont quitté la maternité pour vivre leurs premiers jours sans domicile stable.
- La demande d’hébergement d’urgence explose à Bruxelles.
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La vie en centre d’hébergement
- Les familles, souvent entassées à deux par chambre, tentent de construire une routine : accès aux espaces communs, à une crèche pour les tout-petits, et à diverses activités éducatives.
- Extrait poignant :
- « En fait, on essaie vraiment de construire un espèce d'univers, si je puis dire, pour qu'ils puissent se sentir au mieux. » — Inès Duquet, référente, [02:36]
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Portraits d’enfants et parents
- Des enfants participent à des ateliers, dessinent les drapeaux de leurs pays, ou créent des comptes Fortnite.
- Témoignage bouleversant de Siam, mère réfugiée :
- « Du jour au lendemain, on nous met dehors avec nos bagages à 11h du soir … c’est là où on a retrouvé une stabilité … Mais au fur et à mesure, vous voyez, quand la fleur est exposée au soleil, elle commence à s'ouvrir. » — Siam, mère, [04:24]
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Le soutien psychologique et administratif
- Les enfants manifestent des troubles du sommeil et du développement. Parents et enfants bénéficient d'un accompagnement :
- « Mais au final, l'enfant, il a des questions. Il faut savoir y répondre aussi pour justement pallier ce stress-là… » — Mélanie Vincent, psychologue, [07:22]
- Les enfants manifestent des troubles du sommeil et du développement. Parents et enfants bénéficient d'un accompagnement :
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La maturité forcée des enfants
- Les enfants sont conscients de la précarité et essaient d’épargner leurs parents :
- « Elle disait, non, c’est cool, on va faire une soirée camping. Mais je sais qu'elle était consciente. » — Siam, mère, [08:19]
- Les enfants sont conscients de la précarité et essaient d’épargner leurs parents :
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Les limites du centre et l’absence de solutions pérennes
- Le manque d’intimité, d’espace pour étudier, et l’impossibilité d’inviter des amis sont sources d’isolement et d’inhibition :
- « Ils n'ont pas vraiment cet espace qui leur appartient, qui est vraiment à eux, leur chambre avec leurs jouets. » — Mélanie Vincent, psychologue, [09:10]
- L’urgence d’un logement stable se fait sentir :
- « Tant qu'on n'arrive pas à mettre en place un cadre beaucoup plus sécurisant pour eux sur le long terme, il y aura toujours cette question de la santé mentale… » — Mélanie Vincent, [10:00]
- « Même actuellement, certes, je suis bien entourée ici et tout, mais j'ai quand même un manque de sécurité. » — Siam, mère, [10:26]
- Le manque d’intimité, d’espace pour étudier, et l’impossibilité d’inviter des amis sont sources d’isolement et d’inhibition :
2. Analyse et décryptage : Pourquoi tant d’enfants/familles à la rue ?
[10:42–26:13]
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Des structures d’urgence saturées
- Les centres d’hébergement sont prévus pour du très court terme ; la réalité, ce sont des séjours de plusieurs mois, faute de solutions de relogement.
- Un climat de détresse et d’impasse, aussi pour les travailleurs sociaux :
- « C’est l’enfer… la pire, c’est l’impasse… » — Sarah Poussey, directrice CIRE, [15:21]
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Les profils touchés : majorité de personnes étrangères
- 70% des personnes hébergées ont des difficultés de séjour ; l’immense majorité des familles sont étrangères, demandeuses d’asile ou sans-papiers, parfois même reconnues réfugiées mais en situation précaire.
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Les refus d’hébergement en chiffres
- Une seule semaine en décembre : 122 familles n’ont pu être accueillies, faute de place, laissant des enfants passer la nuit dehors [13:25].
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Effets pervers des politiques migratoires
- Beaucoup de familles, ayant obtenu le statut de réfugiés en Grèce, poursuivent leur route vers la Belgique où les conditions de vie (hébergement, emploi, aide sociale) sont meilleures en théorie.
- La politique belge a récemment évolué : privation d’hébergement pour ceux déjà protégés ailleurs, poussant nombre de familles à la rue.
- « Notre gouvernement… a décidé que ces familles… peuvent déposer une demande d’asile, mais on peut les priver d’accueil. » — Sarah Poussey, [19:03]
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Le piège du « centre de retour »
- Solution proposée : accueil dans un centre de retour à Zaventem (géré par l'Office des étrangers), dont la mission est de préparer à l’expulsion et non d’accompagner vers l’intégration.
- Les familles refusent ce “piège”, préférant la rue :
- « Ce n'est pas un vrai choix… Si elles vont dans ce centre, quelque part, elles s’écartent de ce projet… On les pousse à la rue. » — Sotié Tango, [20:48]
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Violences conjugales et précarité du séjour
- 30% des femmes hébergées sont victimes de violences conjugales, souvent en procédure de regroupement familial—le fait de quitter le conjoint signifie parfois perte du titre de séjour :
- « Se séparer de leur conjoint par lequel elles ont obtenu leur titre de séjour, c’est s’exposer au risque de perdre son titre de séjour… » — Sarah Poussey, [24:00]
- Dilemme cruel entre sécurité physique et statut légal.
- 30% des femmes hébergées sont victimes de violences conjugales, souvent en procédure de regroupement familial—le fait de quitter le conjoint signifie parfois perte du titre de séjour :
3. Appel à la responsabilité politique
[25:40–fin]
- Des choix politiques en cause
- Le secteur associatif milite pour activer les droits, faciliter l’accès au travail, à une autonomie financière, et éviter que les enfants paient le prix des choix migratoires stricts :
- « Les plus vulnérables que sont les enfants subissent une politique migratoire la plus stricte que la Belgique ait connue. » — Sotié Tango, [26:13]
- Le secteur associatif milite pour activer les droits, faciliter l’accès au travail, à une autonomie financière, et éviter que les enfants paient le prix des choix migratoires stricts :
Notable Quotes & Memorable Moments
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Inès Duquet, sur la mission du centre (02:36):
« On essaie vraiment de construire un espèce d'univers, si je puis dire, pour qu'ils puissent se sentir au mieux. » -
Siam, mère hébergée (04:24):
« Du jour au lendemain, on nous met dehors... Mais au fur et à mesure, vous voyez, quand la fleur est exposée au soleil, elle commence à s'ouvrir. » -
Mélanie Vincent, psychologue (07:22):
« Au final, on se retrouve beaucoup plus avec des enfants qui sont stressés de ne pas avoir de réponse à leurs questions. » -
Sarah Poussey, sur l’indignité du bricolage social (11:54):
« Toute cette bienveillance, en fait ne devrait juste pas avoir lieu dans un état comme la Belgique, dans une ville comme Bruxelles aujourd'hui. » -
Sarah Poussey, sur les politiques migratoires (19:03):
« Notre gouvernement… a décidé que ces familles… peuvent déposer une demande d’asile, mais on peut les priver d’accueil. » -
Sotié Tango, sur l’impasse sociale (15:21):
« C’est l’enfer pour les travailleurs sociaux… c’est l’impasse qui est le pire à gérer… »
Timestamps for Key Segments
| Timestamp | Segment / Theme | |------------|------------------------------------------------------------------------------------------| | 00:08–02:36| Immersion dans le centre d’hébergement : description de la vie quotidienne | | 02:36–05:07| Témoignage de Siam, parcours d’exil, traumatisme, reconstruction | | 06:53–10:00| Impact psychologique sur les enfants, importance d’un cadre stable | | 10:42–13:25| Décryptage studio : extension du problème, manque structurel de places | | 13:25–16:03| Les profils concernés, statistiques du SAMU, dénonciation associative | | 16:03–20:00| Les politiques migratoires restrictives et leurs conséquences concrètes | | 20:00–22:30| La question du « centre de retour » à Zaventem | | 23:14–25:40| Violences conjugales et risques administratifs pour les mères migrantes | | 25:54–fin | Appel à des choix politiques, plaidoyer pour une prise de responsabilité étatique |
Conclusion & Tone
L’épisode expose sans pathos mais sans détour le scandale du « bricolage » social et politique qui force des enfants et des familles à vivre dans l’indignité, faute de volonté et de courage politique. Les intervenants mêlent empathie, colère, et appel à la mobilisation collective.
Pour aller plus loin :
Cet épisode met en lumière la nécessité pour la Belgique de reconsidérer d’urgence ses politiques d’accueil et de protection des plus vulnérables, en premier lieu les enfants, afin que plus aucun d’entre eux n’en vienne à passer leur nuit dehors.
