Sombre Belgique | Une Histoire moins respectable
4 Années de Résistance | Épisode 14 : Le Groupe G
Date: 10 décembre 2024
Podcast de: RTBF
Résumé détaillé par section, avec citations et timestamps
1. Thème principal de l’épisode
Cet épisode met en lumière le parcours du Groupe G, l'un des principaux réseaux de résistance belge durant la Seconde Guerre mondiale. Fondé par de jeunes intellectuels, le groupe s'est distingué par ses actes de sabotage précis et coordonnés, visant à enrayer la machine de guerre allemande tout en limitant les représailles et préservant la viabilité du pays pour l’après-guerre. L'épisode explore sa création, sa stratégie, ses actions majeures et la destinée tragique de plusieurs de ses membres.
2. Principaux points de discussion et analyses
A. Genèse et valeurs du Groupe G
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Contexte universitaire et intellectuel (1935-1940) :
- Jean Burgers, étudiant ingénieur à l’ULB, s’oppose dès avant-guerre à la montée du nazisme. Un engagement relayé par la publication du journal « Jeudi » pour alerter sur le danger allemand.
- « C'était un peu comme une voix qui éclamait dans le désert. On disait, faites attention, l'Allemagne est à nos portes. Les gens ne voulaient pas voir la réalité. » (Hélène Leva, 00:10 et 03:04)
- Jean Burgers, étudiant ingénieur à l’ULB, s’oppose dès avant-guerre à la montée du nazisme. Un engagement relayé par la publication du journal « Jeudi » pour alerter sur le danger allemand.
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Formation du groupe :
- Cercles d’amis puis structuration clandestine dès le retour de l’exode, avec des rôles précis : matériel/explosifs (Richard Altenhoff), recrutement (Henri Neumann), renseignement (Robert Leclerc).
- « Ensemble, dans le plus grand secret, ils vont mettre au point, pendant plusieurs mois, un gigantesque plan de sabotage. » (Narrator, 03:58)
- Cercles d’amis puis structuration clandestine dès le retour de l’exode, avec des rôles précis : matériel/explosifs (Richard Altenhoff), recrutement (Henri Neumann), renseignement (Robert Leclerc).
B. Méthodes et philosophie du sabotage
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Pragmatisme et planification :
- Refus des actes spectaculaires ou inconsidérés. Conception d'un plan global, étudié et réfléchi, pour nuire efficacement à l’occupant sans compromettre l’avenir.
- « Il ne sert à rien de couper un câble téléphonique et d'entraîner des représailles complètement démesurées. » (William Hughes, 05:06)
- Refus des actes spectaculaires ou inconsidérés. Conception d'un plan global, étudié et réfléchi, pour nuire efficacement à l’occupant sans compromettre l’avenir.
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Ciblage stratégique :
- Quatre axes d’action : électricité, voies hydrauliques (écluses), chemins de fer, communication. Sabotages progressifs, dispersés pour tromper la surveillance allemande.
- « Le principe était toujours le même... au fur et à mesure que le déroulement de la guerre avait lieu, on précisait de plus en plus les objectifs. » (Hélène Leva, 07:36)
- Quatre axes d’action : électricité, voies hydrauliques (écluses), chemins de fer, communication. Sabotages progressifs, dispersés pour tromper la surveillance allemande.
C. Passage à l’action et montée en puissance
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Soutien allié crucial (1942) :
- André Wendelin, envoyé de Londres, apporte moyens et structuration nationale ; plan validé par les Anglais.
- « Ils ont trouvé que ce plan était formidable, il a été adopté par les Anglais, ils ont dit vous pouvez marcher. » (Hélène Leva, 09:57)
- André Wendelin, envoyé de Londres, apporte moyens et structuration nationale ; plan validé par les Anglais.
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Approvisionnement et expansion :
- Parachutages d’armes et d'explosifs : 15 tonnes de matériel dont 2.5 tonnes d’explosifs entre 1943-44. Extension de l’action à toute la Belgique.
- « Entre septembre 1943 et août 1944, neuf nuits de parachutage amènent au sol 130 containers. » (Narrator, 11:08)
- Parachutages d’armes et d'explosifs : 15 tonnes de matériel dont 2.5 tonnes d’explosifs entre 1943-44. Extension de l’action à toute la Belgique.
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Rigueur des opérations :
- Dialogue ouvert avec les riverains pour limiter les dégâts collatéraux, refus d’attaquer les sentinelles sauf cas extrême.
- « Nous avons toujours fait le nécessaire pour que la maison de l’éclusier, par exemple, ne soit pas abîmée... jamais nous n’avons tué une sentinelle. » (Paul Douillet, 12:41)
- Dialogue ouvert avec les riverains pour limiter les dégâts collatéraux, refus d’attaquer les sentinelles sauf cas extrême.
D. Actions majeures et grandes opérations
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Sabotages d’infrastructures industrielles :
- Cimenteries, chemin de fer, écluses, charbonnages visés, mais sans détruire de façon irréversible (« sabotage réversible »).
- « Il fallait qu’après la libération, l’usine se remette en mouvement. » (Roger Lanvin, 14:50)
- Cimenteries, chemin de fer, écluses, charbonnages visés, mais sans détruire de façon irréversible (« sabotage réversible »).
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La “Grande Coupure” (janvier 1944) :
- Sabotage synchronisé de 20 pylônes électriques, affectant lourdement l’approvisionnement industriel et minier, et donc l’effort de guerre allemand.
- « Le 15 janvier 1944, entre 20h et 23h, le groupe G passe à l’action... 20 pylônes détruits, 8 autres gravement endommagés, sans faire la moindre victime. » (Narrator, 18:49)
- « Deux choses sont certaines... Cela a dû être une régression considérable dans la production à 5 mois du débarquement. » (William Hughes, 21:09)
- Sabotage synchronisé de 20 pylônes électriques, affectant lourdement l’approvisionnement industriel et minier, et donc l’effort de guerre allemand.
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Impact chiffré :
- 20 millions d’heures de travail perdues pour l’occupant.
- « Aujourd'hui, on estime que cette action retentissante du groupe G a fait perdre l'équivalent de 20 millions d'heures de travail à l'occupant. » (Narrator, 22:04)
- 20 millions d’heures de travail perdues pour l’occupant.
E. Répression et tragédies humaines
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Arrestations, tortures, sacrifices :
- Plusieurs leaders fusillés (1943), Altenhoff meurt après tortures, ne trahissant aucun camarade.
- Lettre bouleversante de Richard Altenhoff à sa mère avant l’exécution :
« Je suis battu, mais nullement abattu. Sois tranquille, ils n'auront pas la satisfaction de me voir trembler. […] Je sais que vous êtes courageux et que votre morale restera ferme. » (Lecture, 17:10)
- Lettre bouleversante de Richard Altenhoff à sa mère avant l’exécution :
- Plusieurs leaders fusillés (1943), Altenhoff meurt après tortures, ne trahissant aucun camarade.
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Fin tragique de Jean Burgers :
- Capturé, torturé, pendu à Buchenwald en septembre 1944, alors qu’il s’apprêtait peut-être à être sauvé.
- « Jean Burgers était apparemment à quelques heures d’y entrer [au lazaret] quand les Allemands l’ont pendu, on ne sait pas trop pourquoi. » (Narrator, 22:50)
- Capturé, torturé, pendu à Buchenwald en septembre 1944, alors qu’il s’apprêtait peut-être à être sauvé.
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Poursuite de la Résistance :
- Hélène Leva prend la relève, puis Robert Leclerc, assurant la continuité jusqu’à la Libération.
F. Apogée et dissolution
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Accélération après le Débarquement (juin-septembre 1944) :
- Les sabotages se multiplient, menant à l’épuisement physique et psychologique des membres.
- « Après le débarquement par ici, ça a été une véritable blitzkrieg pour le sabotage. C’est inimaginable. » (Paul Douillet, 24:51)
- Les sabotages se multiplient, menant à l’épuisement physique et psychologique des membres.
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Dissolution et héritage :
- Groupe dissous à la Libération, 3 000 membres au total, la moitié dans le Hainaut.
- « Un peu plus de 3 000 personnes en Belgique […] ont pris part à ces activités. » (Narrator, 25:47)
- Groupe dissous à la Libération, 3 000 membres au total, la moitié dans le Hainaut.
3. Moments marquants et anecdotes
Origine insolite du nom “Groupe G”
- « Le G, c’est stupide. […] Quelqu’un m’avait donné un petit chien, je l’avais appelé Gaby. […] On a dit, ben écoute, on va dire le groupe G. » (Hélène Leva, 26:15)
- Mythe démystifié : le nom n’est lié ni à un responsable important ni à une stratégie, mais à… un caniche !
Le souvenir perpétué
- Un square sur le campus de l’ULB, au cœur du quartier de la Solbosch, rappelle le combat du Groupe G.
- « L’université libre de Bruxelles qui a vu naître le groupe G […] entretient aujourd’hui encore le souvenir. » (Narrator, 27:19)
4. Notables citations et témoignages
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Sur la perception du danger nazi :
« Ces jeunes étudiants avaient peut-être plus de perception et plus de sens des réalités que la majorité de la population. » (Hélène Leva, 03:04) -
Sur la philosophie d’action :
« Il ne fallait jamais détruire durablement une entreprise [...] Il fallait penser à l’après. » (Roger Lanvin, 14:50) -
Lettre d’adieu de Richard Altenhoff : « Je croyais que l’approche de la mort devait être une chose terrible, effrayante. L’expérience me prouve qu’il n’en est rien. Je suis serein. [...] Je ne regrette pas ce que j’ai fait, je regrette seulement de m’être laissé prendre. » (17:10-18:49)
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Sur l’ampleur des sabotages finaux :
« Après juin, c’est inimaginable. Je n’arrivais même plus à travailler. » (Paul Douillet, 24:51)
5. Timestamps des moments clés
- Présentation initiale de la résistance et montée du nazisme : 00:10 – 03:58
- Élaboration du plan et philosophie du sabotage : 05:06 – 07:36
- Rôle d’André Wendelin et validation alliée : 09:45 – 11:08
- Témoignages sur les opérations de sabotage : 12:41 – 14:50
- Grandes actions industrielles et contraintes morales : 14:50 – 16:00
- Lettre de Richard Altenhoff : 17:04 – 18:49
- La “Grande Coupure” : 18:49 – 22:04
- Capture et mort de Jean Burgers : 22:50 – 23:36
- Origine du nom ‘Groupe G’ : 26:15 – 27:19
6. Conclusion
Cet épisode rend justice à l’impact du Groupe G, dont la stratégie et la discipline furent déterminantes dans la désorganisation de la machine de guerre allemande tout en illustrant la complexité humaine des réseaux de résistance. À travers des récits poignants et des témoignages directs, le podcast souligne le courage, les sacrifices, mais aussi l’ingéniosité et l’humour discrets qui ont animé ces femmes et hommes de l’ombre.
Pour aller plus loin : L’histoire du Groupe G demeure vivante à l’ULB. Un square au campus du Solbosch porte aujourd’hui le nom du groupe. Leurs actions, longtemps méconnues, se révèlent essentielles pour comprendre la résilience et la libération de la Belgique.
